Peut-on se fier au trackers de sommeil ?

Nombre de bracelets connectés, de capteurs à glisser sous le matelas ou d’applications smartphones proposent d’analyser notre sommeil. Leur promesse : identifier ce qui perturbe nos nuits afin d’accéder à un repos de meilleure qualité. Sont-ils réellement utiles ou de simples gadgets ?

50% des Français estiment avoir un sommeil de piètre qualité, principalement les femmes. Et plus de huit sur dix se réveillent durant la nuit, selon une enquête Opinionway de mars 2020 pour l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV).

Or un sommeil récupérateur est indispensable au bien-être et à la santé. Il permet de mieux résister aux infections, d’améliorer sa mémoire, de doper ses capacités de raisonnement, de réduire son risque de troubles cardiovasculaires et d’éloigner le spectre de l’obésité. D’où l’importance de remédier au plus vite à ses insomnies. Mais opter pour un tracker du sommeil est-il une bonne idée pour autant ? 

Trackers de sommeil : comment fonctionnent-t-ils ?

Il existe beaucoup de modèles différents mais la plupart enregistrent principalement les mouvements du dormeur. Les données sont analysées directement par le dispositif ou envoyées à une application dédiée qui décrypte le déroulement de la nuit : nombre d’heures de sommeil, temps d’endormissement, fréquence et durée des réveils nocturnes, etc…

Les trackers plus sophistiqués mesurent également les rythmes cardiaque et respiratoire, ce qui permet d’obtenir une analyse plus fine des phases du sommeil. Ils distinguent notamment le sommeil profond (presque aucun mouvement et fréquence cardiaque régulière) et le sommeil paradoxal (presque aucun mouvement non plus mais fréquence cardiaque plus élevée et irrégulière). Le décryptage des cycles du sommeil est donc plus pertinent et fiable car une personne peut rester couchée et immobile sans forcément dormir.

Que faut-il en attendre ?

“Ces outils peuvent être intéressants pour dresser un état des lieux de son sommeil afin de pouvoir en parler éventuellement à son médecin traitant. Dans ce cas, les utiliser une quinzaine de jours suffit. Mais au long cours, ils peuvent devenir de faux-amis et renforcer l’insomnie”, estime le Dr Philippe Beaulieu, médecin somnologue, attaché au Centre de diagnostic et de traitement des maladies du sommeil de l’hôpital Henri Mondor (Créteil) et coauteur de Dormir sans médocs ni tisanes (éd. Marabout).

“Pour commencer, les données fournies par ces appareils ne sont pas d’une grande fiabilité. Elles ne sont pas comparables à celles collectées dans un centre du sommeil où l’activité cérébrale, l’activité musculaire, le mouvement des yeux et la teneur du sang en oxygène par exemple sont également pris en compte. En outre, traquer son sommeil renforce la tentation de contrôle et l’anxiété de performance qui vont à l’inverse du lâcher prise nécessaire à un sommeil de qualité”.

Pour rompre le cercle vicieux de l’insomnie, mieux vaut donc ne pas trop penser à son sommeil plutôt que l’ausculter sans cesse. Un tracker de sommeil, pourquoi pas… à condition de ne l’utiliser qu’avec modération !

 

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